Selon un article du Monde Afrique en date du 5 octobre 2016, citant un expert américain David Dollar, du Brookings Institute, l'Afrique pourrait bientôt devenir l'usine de la Chine.

Extraits :

La Chine vieillit. Moins d’ouvriers dans ses usines, des salaires en hausse et une compétitivité en baisse : c’est la fin de l’âge d’or pour l’atelier du monde. « Cette situation représente une opportunité exceptionnelle pour l’Afrique », explique le chercheur américain David Dollar, du Brookings Institute. Pour cet ex-directeur de la Banque mondiale en Chine de 2009 à 2013, et ancien représentant du Trésor américain à Pékin, le continent africain pourrait tirer parti du rééquilibrage de l’économie chinoise.

« L’Afrique pourrait devenir l’usine de la Chine. Mais il faut rester réaliste. Dans un premier temps, la Chine ira sous-traiter certaines de ses productions au Vietnam ou au Bangladesh. Ensuite, elle pourrait regarder vers l’Afrique. Notamment pour servir de pont vers l’Europe et le Moyen-Orient, mais aussi servir la classe moyenne africaine qui consomme de plus en plus », précise le chercheur. Une vingtaine d’usines chinoises dans les domaines du textile et de l’électronique est déjà en activité dans les zones économiques spéciales qui entourent Addis-Abeba. L’Ethiopie a ainsi inauguré cet été son plus grand parc industriel. Un millier de kilomètres carrés construits par la Chine à Hawassa, à 300 km de la capitale [...]. « On voit de plus en plus d’industriels chinois regarder vers l’Afrique pour y délocaliser certaines de leur production, analyse David Dollar. L’histoire de la Chinafrique est en train de changer. On passe petit à petit d’un modèle fondé sur l’exploitation des matières premières à un modèle reposant sur l’utilisation des ressources humaines. » A ce titre, l’expert américain voit dans la crise une expérience salutaire. « Le ralentissement de la demande chinoise en matières premières va se poursuivre et même s’accélérer. L’économie chinoise est en train de changer et de se recentrer sur la consommation intérieure. Un cycle se termine. Les économies africaines doivent se diversifier et surtout investir dans les ressources humaines pour permettre aux usines chinoises de produire directement sur le continent et être une alternative aux centres industriels asiatiques. » Dans son rapport, David Dollar plaide donc pour des économies africaines qui passeraient des ressources naturelles aux ressources humaines. Il appelle à une vision décomplexée de cette Chinafrique. « Je crois aux partenariats tripartites, explique l’ancien fonctionnaire de la Banque mondiale. Quand l’Ouganda travaille avec la Chine, elle ne ferme pas la porte aux pays occidentaux. Personne ne doit choisir entre la Chine et l’Occident, et surtout pas les pays africains, qui doivent aujourd’hui construire leur propre modèle de développement. » Sébastien Le Belzic chroniqueur Le Monde Afrique, Hongkong