Extraits de Chine

C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.

  • Accueil
    Accueil C'est ici que vous pouvez trouver tous les articles posté sur le site.
  • Catégories
    Catégories Affiche la liste des catégories de ce blog.
  • Mots clés
    Mots clés Affichez une liste de tags qui ont été utilisés dans ce blog
  • Blogueurs
    Blogueurs Rechercher votre blogueur favori de ce site.
  • Équipe de blogueurs
    Équipe de blogueurs Trouvez vos équipes favorites de blogueurs ici.
  • Connexion
    Identification Formulaire d'identification

Cyrille J.-D. Javary : la grande convergence des trois sagesses de la Chine

par dans Extraits de Chine
  • Taille du texte: Agrandir Réduire
  • Lectures : 3230
  • 0 commentaires
  • Imprimer
3230

b2ap3_thumbnail_Download-11.jpg

Taoïsme, confucianisme, bouddhisme, les trois grandes sagesses de la Chine sont-elles convergentes ? Selon Cyrille J.-D. Javary, auteur de nombreux ouvrages sur la Chine ancienne, cela ne fait aucun doute. Je vous propose de lire cet extrait d'un de ses ouvrages dans lequel il fait une remarquable et très éclairante synthèse des trois "enseignements" chinois.

Source : Cyrille J.-D. Javary, Les trois sagesses chinoises, 2010, Albin Michel, pp. 228-231

Comme le dit l'académicien François Cheng, "le Chinois est un être de relations". Un regard global sur l'enseignement des trois sagesses chinoises fait apparaître leur profonde convergence: elles sont une invite à accroître notre responsabilité, à développer notre capacité à répondre par une attitude appropriée aux situations auxquelles nous sommes chacun, chaque jour, confrontés.

Ce qui les différencie apparaît alors simplement comme une question de domaine d'application : le confucianisme, en mettant l'accent sur la responsabilité au niveau social, incite à une attitude bienveillante envers autrui; le taoïsme, plus porté sur la responsabilité au niveau vital, se manifeste d'une manière yin par une attitude accueillante envers son corps et d'une manière yang par une attitude respectueuse envers la nature; le bouddhisme, en soulignant l'importance de la responsabilité individuelle des actes et la nécessité d'acquérir des mérites, favorise une attitude de compassion envers toutes les formes vivantes.

Sans doute est-ce cette "répartition des tâches" qui a permis à ces trois sagesses de cohabiter si durablement et de s'enrichir mutuellement, malgré les épisodes mouvementés qui les ont opposées. Et sans doute aussi est-ce bien parce qu'il s'agit d'enseignements, de manières de vivre plutôt que de croyances absolues, que même leurs affrontements, parfois violents, n'ont jamais pris la forme de guerres de religion. Il est remarquable que la pensée traditionnelle chinoise antique, dont les versants confucéen et taoïste se répondent l'un l'autre comme yin et yang, n'ait pas éclaté à l'arrivée du bouddhisme, dont la pratique sociale et la perspective spirituelle bousculaient pourtant toutes les valeurs traditionnelles. Alors que l'Empire romain, dans des circonstances politico-religieuses analogues (affaissement de l'autorité centrale, invasions de peuples étrangers et développement d'une religion exogène), s'est irrémédiablement effondré, la Chine a pu puiser, à chaque tournant de son histoire, dans chacun de trois enseignements ce qui pouvait contribuer à sa pérennité. On peut acquérir une vue d'ensemble de cette complémentarité avec le récapitulatif ci-dessous (présenté sous forme de tableau – et donc plus "lisible" – dans l'ouvrage de C. Javary). Sortie du cauchemar de la pauverté et des excès idéologiques du maoïsme, ayant retrouvé sa dignité dans le concert des nations, c'est toujours en s'appuyant sur sa culture millénaire que la Chine entre maintenant dans la modernité."

b2ap3_thumbnail_C1397B7F-CC12-48C4-9845-50BA67494ACE.jpeg Confucius,Kongzi 孔子 en chinois

LE CONFUCIANISME se caractérise par l'importance accordée à : 1) la vie sociale; 2) la responsabilité politique; 3) l'attitude envers les autres; 4) la hiérarchie et sa régulation; 5) l'éducation, de manière à pouvoir fonder son jugement et son action sur des bases raisonnables; 6) la rectitude, considérée comme l'acte juste au moment opportun, sans autre considération que la justice; 7) la loyauté, en tant que fondement des relations hiérarchiques à double sens : les inférieurs doivent être fidèles à leur supérieur mais celui-ci leur doit en revanche protection et loyauté; 8) la poésie et tous les arts en général (musique, peinture, jeux d'esprit et de table), considérés comme des moyens d'apaiser le cœur; 9) la politique, en tant qu'art du savoir-vivre en bonne entente entre êtres humains.

b2ap3_thumbnail_8DAE67CA-C783-4EC4-910B-BBA41BA341C5.jpeg

Laozi (老子), le légendaire maître du taoîsme

LE TAOÏSME se caractérise par l'importance accordée à : 1) la vie naturelle; 2) la responsabilité physique; 3) l'attitude envers son corps et la nature; 4) la personne et sa réalisation; 5) la pratique et l'exercice, de manière à disposer le mieux possible de l'accord entre son corps et le fonctionnement naturel; 6) la pureté, considérée comme un processus d'allègement des pesanteurs imposées par la vie physique et les règles sociales; 7) la sensibilité, en tant que fondement de l'affinement de la perception qui permet de mieux ressentir et d'affiner le souffle vital qui passe sans cesse du corps individuel à la nature entière et, ainsi, de mieux s'accorder aux saisons; 8) l'alchimie interne et la médecine naturelle qui ont donné naissance à tous les arts physiques (tai ji quan, qi gong, etc.), considérés comme des moyens de mieux nourrir le vivre qui nous habite; 9) l'écologie, en tant qu'art du savoir-vivre en bonne entente avec son environnement naturel.

b2ap3_thumbnail_image_20180320-004201_1.jpeg Le Bouddha (Fo 佛 en chinois)

LE BOUDDHISME se caractérise par l'importance accordée à: 1) la vie spirituelle; 2) la responsabilité individuell; 3) l'attitude envers la mort et le destin; 4) la souffrance et sa diminution; 5) la communauté et le réseau d'entraide mutuelle formé entre les laïcs et les moine; 6) la sérénité, considérée comme une progression vers la libération des souffrances;  7) la douceur, en tant que fondement de la non-violence qui doit réguler les relations qui unissent les humains entre eux ainsi qu'à l'ensemble des formes vivantes; 8) la prière et la méditation considérées comme le seul moyen de parvenir à l'éveil, à la perception de l'illusion de la permanence d'un ego; 9) la psychologie en tant que compréhension du fonctionnement de la conscience.   

0
Mots clés: Bouddhisme Religions
Venue en Chine en 2012 rendre une trop courte visite à mon fils, j’ai mesuré à quel point ma vision de ce pays était biaisée par des partis pris, des représentations d’un autre âge...
Depuis, je m’informe sur ce vaste et grand pays avec lequel nous avons à composer pour construire le monde de demain dans le respect de nos différences et de nos intérêts.


Commentaires

  • Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter

Commenter cet article

Invité
Invité jeudi, 28 mars 2024

Archive

Loading ...

Connexion