Extraits de Chine

C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.

  • Accueil
    Accueil C'est ici que vous pouvez trouver tous les articles posté sur le site.
  • Catégories
    Catégories Affiche la liste des catégories de ce blog.
  • Mots clés
    Mots clés Affichez une liste de tags qui ont été utilisés dans ce blog
  • Blogueurs
    Blogueurs Rechercher votre blogueur favori de ce site.
  • Équipe de blogueurs
    Équipe de blogueurs Trouvez vos équipes favorites de blogueurs ici.
  • Connexion
    Identification Formulaire d'identification

Nouvelle Guerre froide : le Japon sur le qui-vive...

par dans Extraits de Chine
  • Taille du texte: Agrandir Réduire
  • Lectures : 2977
  • 0 commentaires
  • Imprimer
2977

Inquiet des ambitions d’une Chine conquérante, le Japon, écrit Le Monde,  s’interroge sur la fiabilité de l’alliance avec les Etats-Unis, partagé qu'il est entre sa solidarité avec l'Occident et la crainte de courroucer la Chine.

Source : Le Monde.fr du 18 août 2020. Article de Philippe Pons.

Soixante-quinze ans après la défaite du Japon, le 15 août 1945, l’aggravation des tensions et des rivalités géopolitiques en Asie orientale, sur fond de la triple crise sanitaire, économique et politique engendrée par la pandémie, nourrit au Japon un sentiment d’anxiété. « L’ordre post-guerre froide s’effrite et la question de la sécurité du Japon doit désormais être envisagée en tenant compte de ce contexte et non plus seulement en termes juridiques de conformité ou non à la constitution », estime le politologue Masayuki Tadokoro de l’université Keio à Tokyo. L’article 9 de la Constitution japonaise postule que le Japon « renonce à jamais à la guerre ». 

Un contexte d’autant plus tendu que, dans cette partie du monde, la guerre froide ne fut pas une période d’« équilibre de la terreur » comme en Europe, mais de « guerres chaudes » (en Corée et au Vietnam) dont restent des séquelles : dans la péninsule coréenne, deux armadas sur le pied de guerre se font face depuis plus d’un demi-siècle avec les risques d’affrontements et d’une attaque de missiles balistiques nord-coréens sur l’Archipel.

La confrontation entre la Chine et les Etats-Unis, conjuguée à la répression à Hongkong et aux risques d’affrontements en mer de Chine méridionale et orientale, où croisent des navires de guerre américains, chinois et japonais, rappelle au Japon les ambiguïtés de sa situation : voisin d’une Chine perçue comme une menace, il dépend pour sa sécurité de l’alliance avec les Etats-Unis, dont la fiabilité est aujourd’hui loin d’être certaine.

La défaite de 1945 a fait de l’Archipel l’instrument d’une politique qui servait les intérêts du vainqueur et dont il tira certes profit pour bâtir sa prospérité et reconquérir une place sur la scène internationale. Mais, aujourd’hui, les ambitions chinoises entament les équilibres de cette pax americana dont l’Archipel est la pierre de touche.

A la suite de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 s’est peu à peu dessinée une bipolarité régionale fondée non sur des blocs, mais sur des sphères d’influence dominées par la Chine ou le duo Etats-Unis - Japon, qui rivalisent de programmes de financement au développement. Un équilibre qu’une Chine conquérante cherche aujourd’hui à faire basculer à son avantage en commençant par briser ce qu’elle estime être un encerclement.

A l’origine, le traité de sécurité nippo-américain avait deux objectifs : prévenir une attaque du Japon par l’URSS et contenir la Chine. Objectif auquel répondait la stratégie des grands archipels (d’Hokkaido à Okinawa, en passant par Taïwan et les Philippines) qui lui fermait le Pacifique. Avec un bémol cependant pour le Japon : « Rouge ou bleu, la Chine est un marché », disait en 1949 le premier ministre, Shigeru Yoshida, à la suite de l’arrivée au pouvoir des communistes. Et longtemps le Japon sépara l’économique du politique, cherchant à mettre entre parenthèses les sujets qui fâchent pour privilégier les intérêts communs. 

Aujourd’hui, la Chine est une puissance mondiale aux ambitions hégémoniques. Et Tokyo, qui déjà avait réagi avec la plus extrême prudence à la suite du massacre de Tiananmen (1989), se contente de déplorer la répression qui s’abat sur Hongkong, et ne va pas au-delà d’un éventuel report de la visite du président Xi Jinping (dont la venue, attendue en avril, a été ajournée par la pandémie), préférant ignorer le sort des Ouigours. « Le Japon n’est pas en position de se confronter à la Chine en se comportant comme ses alliés américains ou européens », fait valoir Akihiko Tanaka, président de l’Institut d’études politiques à Tokyo.

La position en retrait du Japon « sera de plus en plus difficile à tenir si la détérioration des relations entre Pékin et Washington se poursuit », estime Robert Dujarric, codirecteur de l’institut sur l’Asie contemporaine de Temple University, à Tokyo. L’hostilité envers la Chine aux Etats-Unis est en effet largement bipartisane.

A moyen terme, aucun scénario ne satisfait pleinement le Japon. Un désengagement américain le laisserait en tête-à-tête avec la Chine. Mais une entente entre Pékin et Washington ne serait pas pour autant bienvenue, car elle se ferait probablement au détriment des intérêts japonais. Quant à un affrontement entre la Chine et les Etats-Unis, il ferait de l’Archipel (et de la Corée du Sud) la première cible, en raison de la présence des bases militaires américaines.

L’évolution de la donne géopolitique en Asie orientale et les interrogations sur la fiabilité des engagements américains vont tôt ou tard conduire le Japon à repenser sa sécurité, estime Masayuki Tadokoro. « Il aura deux options : réviser sa Constitution pour se doter d’une puissance militaire dissuasive ou accepter l’hégémonisme chinois sur la région. Toutes deux, pour l’instant, inacceptables pour la majorité des Japonais. »

Pour éviter d’en arriver là, le Japon cherche à renforcer son influence régionale et mondiale en multipliant les partenariats et en se présentant comme un pilier de la démocratie libérale et du multilatéralisme. Une diplomatie qui, en Asie du Sud-Est, en a fait un partenaire de confiance (ce qui n’est pas le cas de la Chine et des Etats-Unis). Une perception loin d’être partagée en Asie du Nord-Est. En particulier par le voisin et allié, la Corée du Sud, autre démocratie d’Asie orientale (avec Taïwan), en raison des contentieux historiques hérités de la colonisation japonaise de la péninsule – que Séoul instrumentalise souvent à des fins de politique intérieure. L’histoire dans sa fonction identitaire est un outil de contrôle social dont aucun gouvernement n’est prêt à se dessaisir – a fortiori lorsque sa popularité décline.

Ce passé qui empoisonne les relations entre deux pays proches géographiquement et culturellement, liés de surcroît par un pacte militaire tripartite sous l’égide américaine, jette une ombre sur l’ambition du Japon de fédérer les démocraties de la région Indo-Pacifique pour faire contrepoids à la « nouvelle route de la soie » chinoise.

0
Venue en Chine en 2012 rendre une trop courte visite à mon fils, j’ai mesuré à quel point ma vision de ce pays était biaisée par des partis pris, des représentations d’un autre âge...
Depuis, je m’informe sur ce vaste et grand pays avec lequel nous avons à composer pour construire le monde de demain dans le respect de nos différences et de nos intérêts.


Commentaires

  • Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter

Commenter cet article

Invité
Invité vendredi, 29 mars 2024

Archive

Loading ...

Connexion