C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
Les deux grands maîtres du taoïsme sont Huangzi et Laozi, qui vécurent en Chine entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C. Voici quelques-uns de leurs écrits, extraits de l'ouvrage de référence d'Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise (Seuil, 1997).
1- "La connaissance doit avoir sur quoi s'appuyer pour pouvoir tomber juste. Or ce sur quoi elle s'appuie n'est justement pas fixe". (Zhuangzi)
2- "Comment saurais-je que ce que j'appelle 'connaissance' n'est pas ignorance ? Et comment saurais-je que ce que j'appelle 'ignorance' n'est pas connaissance ?" (Zhuangzi)
3- "Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas". (Zhuangzi)
4- "L'homme accompli fait de son cœur un miroir. Il ne s'attache pas aux choses, pas plus qu'il ne va au-devant d'elles. Il se contente d'y répondre, sans chercher à les retenir. C'est ainsi qu'il est capable de dominer les choses sans être atteint en lui-même." (Zhuangzi)
5- "Celui qui possède la puissance suprême, le feu ne saurait le brûler, ni l'eau le noyer, le chaud et le froid ne sauraient l'affecter, les oiseaux et les bêtes sauvages le dépecer. Non qu'il en fasse fi, mais il est vigilant dans la sécurité comme dans le danger, serein dans le malheur comme dans la félicité, avisé dans ses avances comme dans ses retraites; il n'est rien qui puisse l'affecter". (Zhuangzi)
6- "Souffler et respirer, expirer et inspirer, rejeter l'air usé et en absorber du frais, s'étirer à la manière de l'ours ou de l'oiseau qui déploie ses ailes, tout cela ne vise qu'à la longévité. C'est ce qui est prisé de l'adepte qui s'efforce de guider et induire l'énergie, de l'homme qui veut nourrir son corps, ou de celui qui espère vivre aussi vieux que Peng Zu". (Zhuangzi)
7- "Le Dao n'a ni fin ni commencement. Les êtres connaissent mort et vie, sans avoir jamais l'assurance de leur accomplissement. Tantôt vides, tantôt pleins, ils ne résident pas dans des formes fixes. Les années ne peuvent être retenues, pas plus que le temps suspendu. Déclin et croissance, plénitude et vie, tout ne finit que pour recommencer". (Zhuangzi)
Laozi partant vers l’ouest (céramique, Yixing)
8- "Ne cherche pas à primer par les armes
Car primer par les armes appelle à la riposte.
Celui qui agit détruira,
Celui qui saisit perdra
Le Saint, n'agissant sur rien, ne détruit rien
Ne s'emparant de rien, il n'a rien à perdre". (Laozi)
9- "L'esprit de la Vallée ne meurt pas.
Il a nom mystérieux féminin
La porte du mystérieux féminin
A nom racine du Ciel-Terre
Un mince fil – c'est à peine s'il existe –
Et pourtant, il a beau servir, jamais il ne s'use". (Laozi)
10- "Le Dao est vide
On a beau le remplir, jamais il ne déborde
Dans ce sans-fond, les dix mille êtres tirent leur origine
Il émousse tout tranchant,
Il démêle tout nœud
Il harmonise toutes lumières
Il fait un de toutes poussières
Il est là, semble-t-il, depuis toujours
De qui est-il le fils ? Je l'ignore
Avant même le Souverain d'en haut
Je crois qu'il était là". (Laozi)