Extraits de Chine

C'est le moyen pour moi d'échanger sur la Chine, de faire partager mes voyages en Chine, des lectures sur la Chine, des analyses, des impressions, d'aller au-delà des peurs qu'inspire ce grand pays si entreprenant en essayant de comprendre ses propres craintes, ses propres défis mais aussi de pointer les questions qu'il soulève. Nous aurons peut-être ainsi l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.

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Une nouvelle Guerre froide ?

par dans Extraits de Chine
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Le président chinois Xi Jinping et des responsables chinois assistent à la session de clôture de l’Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Palais du Peuple à Pékin, le 28 mai.

Le président chinois Xi Jinping et des responsables chinois assistent à la session de clôture de l’Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Palais du Peuple à Pékin, le 28 mai. Photo : CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Que retenir de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, qui s’est tenue du 22 au 28 mai ?  demande Le Monde dans son édition du 28 mai 2020. Réponse de Frédéric Lemaître, auteur de l'article : "Cinq éléments. La désignation d’un adversaire : les Etats-Unis. Une expression : « Une nouvelle guerre froide. » Deux foyers de tensions : Hongkong et Taïwan. Une absence exceptionnelle : la prévision de croissance annuelle. Une présence qui l’est tout autant : celle des masques, qui rendent encore plus impénétrables les visages des députés."

Source : Le Monde du 28 mai 2020, Article de Frédéric Lemaître

Cinq éléments étroitement liés. Le Covid-19 a ajouté une raison sanitaire au découplage économique que Donald Trump tente de mettre en place. Le 22 mai, les Etats-Unis ont mis trente-deux nouvelles sociétés chinoises sur leur liste d’entreprises indésirables sur le sol américain. S’ils hésitent à suivre Washington dans sa croisade contre Huawei & Co, les Européens jurent ne plus vouloir dépendre de l’industrie pharmaceutique chinoise. De leur côté, les Japonais subventionnent leurs entreprises pour quitter la Chine. Pour la principale gagnante de la mondialisation économique, une parenthèse ouverte en 2001 avec son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce se referme.

Le président Xi Jinping en a tiré les leçons, samedi 23 mai, devant les conseillers économiques. La Chine est « confrontée à un grand nombre de défis internationaux, notamment la récession économique mondiale, la forte baisse du commerce et des investissements mondiaux, les turbulences des marchés financiers mondiaux, les restrictions aux voyages mondiaux, les revers de la mondialisation économique, le protectionnisme de certains pays et l’augmentation des risques géopolitiques », a-t-il reconnu. 

Plus que jamais, l’accent est donc mis sur la demande intérieure et sur « le développement accéléré des industries stratégiques, y compris l’économie numérique, la fabrication intelligente et de nouveaux matériaux pour la vie et la santé quotidiennes des gens ». Dans un pays très attaché aux plans quinquennaux et aux stratégies en tout genre, l’abandon d’une prévision de croissance pour 2020 mais aussi pour 2021 marque une véritable rupture. « Une vision à long terme est nécessaire » pour « faire face aux difficultés, risques et défis actuels », a précisé Xi Jinping. Une façon de reconnaître que les temps sont durs et vont le rester. Le premier ministre, Li Keqiang, en a tiré les conséquences sociales : la stabilisation de l’emploi, le maintien du niveau de vie et la victoire de la lutte contre la pauvreté sont ses trois priorités.

Alors que la Chine a conclu une trêve commerciale avec les Etats-Unis début janvier, elle s’aperçoit qu’elle n’en tire aucun profit politique. « Virus chinois », Huawei, Taïwan, Hongkong, Xinjiang… chaque jour, Donald Trump et son entourage multiplient les attaques contre Pékin. Si les Européens considèrent la Chine comme un « rival » mais aussi un « partenaire », les Etats-Unis la perçoivent comme « la menace la plus sérieuse ». 

De son côté, la Chine affirme ne menacer personne mais, dès 2013, Xi Jinping avait déclaré devant les cadres du Parti communiste qu’à très long terme « le capitalisme va dépérir et le socialisme l’emporter ». Dès lors, pourquoi céder face à un Occident en perte de vitesse ? Malgré les difficultés actuelles, le budget de la défense va augmenter de 6,6 % en 2020. C’est moins que les années précédentes mais davantage que la plupart des autres ministères. La Chine est décidée à montrer ses muscles. « La confrontation stratégique sino-américaine est entrée dans une période à haut risque », a reconnu, samedi 23 mai, le général Wei Fenghe, ministre de la défense.

Dimanche 24 mai, Wang Yi, le ministre des affaires étrangères, avait accusé Washington d’entraîner Pékin « au bord d’une nouvelle guerre froide ». Mardi, Xi Jinping, qui est également président de la Commission militaire centrale, a « ordonné aux militaires de réfléchir aux pires scénarios, d’intensifier l’entraînement et la préparation au combat, de traiter rapidement et efficacement toutes sortes de situations complexes et de sauvegarder résolument la souveraineté nationale, la sécurité et les intérêts de développement », selon l’agence Chine nouvelle. Le même jour, Chen Daoxiang, commandant de la garnison à Hongkong, assurait que l’Armée populaire de libération était « déterminée, confiante et capable de sauvegarder la sécurité nationale ».

De fait, on ne peut pas exclure une intervention de l’armée pour mettre en œuvre la loi sur a sécurité nationale adoptée jeudi 28 mai et destinée à mettre Hongkong au pas. Supposée rétablir l’ordre en permettant aux autorités de « prévenir, stopper ou punir toute conduite qui met sérieusement en danger la sécurité nationale, telle que le séparatisme, la subversion du pouvoir d’Etat, ou l’organisation ou l’exécution ­d’activités terroristes aussi bien que des activités des forces étrangères et menées de l’étranger qui interfèrent dans les affaires de Hongkong », cette loi provoque une nouvelle tension avec Washington. Elle est également une conséquence politique d’un découplage économique mais aussi idéologique.

Depuis la reprise de leurs relations diplomatiques en 1972, jamais les deux pays n’ont paru aussi éloignés. Plus la Chine est exposée à des pressions occidentales, plus les Chinois ont tendance à faire front avec leurs dirigeants, même s’ils ne les portent pas dans leur cœur. Le voyage à Washington de Joshua Wong, le jeune leader activiste de Hongkong, et sa visite au Capitole en septembre 2019, où il a été notamment reçu par Nancy Pelosi, la chef des démocrates au Congrès, avaient été perçus comme un véritable affront par Pékin mais aussi par nombre de Chinois. Tout comme l’adoption, quelques semaines plus tard, par le Congrès du « Hong Kong Human Rights and Democracy Act » – qui conditionne le traitement particulier accordé par les Etats-Unis à la place financière de Hongkong au degré d’autonomie dont dispose cette région. Une loi que Washington pourrait mettre en œuvre très prochainement, selon des propos tenus par le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, mercredi 27 mai. 

Les tensions pourraient s’étendre à Taïwan. Vendredi 22 mai, dans son discours d’ouverture de l’Assemblée, le premier ministre, Li Keqiang, n’a – contrairement aux années précédentes – pas précisé que la réunification avec Taïwan devait être « pacifique ». Là aussi, Pékin et Washington jouent un jeu dangereux. « Trump est une part du problème. Il a sapé la sécurité dans le détroit de Taïwan », estime Peter Hays Gries, professeur de politique chinoise à l’université de Manchester. Mais le nationalisme de Xi Jinping, « qui a mis un terme à l’interdépendance pacifique avec l’Occident », n’est pas sans risque non plus. « Il y a des Chinois qui pensent pouvoir envahir Taïwan sans prendre de risques. C’est dangereux. Les supporters d’extrême droite de Trump voient encore Taïwan comme une Chine libre et vont réclamer une réponse américaine », juge-t-il.

Réélue triomphalement en janvier et auréolée de sa gestion jugée remarquable du Covid-19, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a encore aggravé son cas, mercredi 27 mai, aux yeux de Pékin. A sa demande, le gouvernement de Taïwan va mettre en place un plan destiné à accueillir les Hongkongais et à leur venir en aide. Déjà, en 2019, plus de 5 000 Hongkongais ont trouvé refuge à Taïwan, a-t-elle indiqué. « Le continent va encore accroître sa pression sur l’île, surtout si Taipei devient le cœur des oppositions politiques à Pékin », note Antoine Bondaz, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Ces derniers jours, en Chine, une publicité d’un type particulier apparaît à la télévision, juste avant le journal de 19 heures : un spot à la gloire de la marine chinoise.

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Venue en Chine en 2012 rendre une trop courte visite à mon fils, j’ai mesuré à quel point ma vision de ce pays était biaisée par des partis pris, des représentations d’un autre âge...
Depuis, je m’informe sur ce vaste et grand pays avec lequel nous avons à composer pour construire le monde de demain dans le respect de nos différences et de nos intérêts.


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